Une âme à la terre
Dans le Champsaur, Claude Ricci est donneur de vie à travers la terre de ses santons. Personnages issus de la nativité et de la pastorale provençale mais aussi figures pittoresques telles Frédéric Mistral, les joueurs de cartes de Marius ou même la vieille champsaurine et sa coiffe traditionnelle. La palette de ses œuvres est immense, riche et colorée. Éloge d’un santonnier haut-alpin à l’accent ensoleillé, qui a su donner une âme à des figurines de terre cuite à qui il ne manque que la parole. « Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ? » dit-il en citant Lamartine. Rencontre atypique avec un homme passionné et passionnant, entre le berger, le tambourinaire, la poissonnière ou le pistachier.
De ses mains s’éveillent lentement les petits santons. De la terre rousse de Limoges placée dans des moules, apparaissent un à un des personnages. Les bergers, l’enfant Jésus, le rémouleur, le ravi, les moutons, les rois… Au fond de l’atelier, derrière les vitrines et les alignements de figurines, flotte un parfum de Noël, tandis que résonne les paroles d’une chanson de Tino Rossi : « le Noël des Petits Santons ». Souvenirs d’enfance.
Claude Ricci (nom emprunté à Pio, son grand-père maternel toscan) est né à Marseille, non loin des chères collines de Pagnol. Très jeune, il voulait être santonnier comme « Monsieur Carbonnel » pour façonner les personnages à peindre pour la crèche offerts jadis en cadeau dans les boites de Ricorée. A...
Une âme à la terre
Dans le Champsaur, Claude Ricci est donneur de vie à travers la terre de ses santons. Personnages issus de la nativité et de la pastorale provençale mais aussi figures pittoresques telles Frédéric Mistral, les joueurs de cartes de Marius ou même la vieille champsaurine et sa coiffe traditionnelle. La palette de ses œuvres est immense, riche et colorée. Éloge d’un santonnier haut-alpin à l’accent ensoleillé, qui a su donner une âme à des figurines de terre cuite à qui il ne manque que la parole. « Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ? » dit-il en citant Lamartine. Rencontre atypique avec un homme passionné et passionnant, entre le berger, le tambourinaire, la poissonnière ou le pistachier.
De ses mains s’éveillent lentement les petits santons. De la terre rousse de Limoges placée dans des moules, apparaissent un à un des personnages. Les bergers, l’enfant Jésus, le rémouleur, le ravi, les moutons, les rois… Au fond de l’atelier, derrière les vitrines et les alignements de figurines, flotte un parfum de Noël, tandis que résonne les paroles d’une chanson de Tino Rossi : « le Noël des Petits Santons ». Souvenirs d’enfance.
Claude Ricci (nom emprunté à Pio, son grand-père maternel toscan) est né à Marseille, non loin des chères collines de Pagnol. Très jeune, il voulait être santonnier comme « Monsieur Carbonnel » pour façonner les personnages à peindre pour la crèche offerts jadis en cadeau dans les boites de Ricorée. A 9 ans, sa passion le pousse à participer à un concours organisé par la célèbre maison d’Aubagne. Il décrochera le troisième prix affirmant un peu plus sa détermination à devenir santonnier au grand dam de ses parents. Entre 13 ans et 18 ans, c’est lors d’un apprentissage comme prothésiste dentaire qu’il acquiert notamment la technique d’anatomie et de modelage des visages. « A 18 ans, j’ai enfin fait ce que je voulais ! » dit-il un brin malicieux derrière ses moustaches.
C’est en 1973 qu’il décide de s’installer à Allauch où il devient le premier santonnier, sur les terres des contreforts du Garlaban et de la chaine de l’Etoile, sur ces terres de la Provence traditionnelle rendues fameuses par les escapades estivales du jeune Pagnol de « La Gloire de Mon Père ». Là, durant quelques décennies, il trouve son style et modèle dans la terre, les personnages de la nativité et de la pastorale. Le ravi, la poissonnière, le pistachier, le rémouleur, les paysans, le meunier ou l’arlésienne s’éveillent lentement des moules avant de prendre vie sous les mains du santonnier après de longues heures de façonnage de la terre. « La terre des rois », la meilleure selon lui. De cette terre à la finesse incomparable, naissent une farandole de santons mais également d’autres personnages comme Frédéric Mistral avec ses yeux bleus de jeune félibre grimé en tambourinaire, des bergers provençaux, des paysans et artisans en costumes traditionnels et même les célèbres joueurs de cartes de Marius.
Des contreforts du Garlaban à la vallée du Champsaur
Au début des années 1990, il prend de l’altitude et s’installe dans la vallée du Champsaur à Saint-Laurent, dans l’ancien bistrot du hameau du Cros qu’il transforme en atelier. Une nouvelle aventure commence mais la passion et la technique demeurent intactes. Avec sensibilité, du plus grand au plus petit sujet, il continue à sculpter et à façonner avec minutie ses santons à qui, il ne manque que la parole. « Je leur donne le même amour que je donne à mes visiteurs et à mes clients fidèles ». Les plus gros santons nécessitent un long travail de création, du moulage au séchage (environ 15 jours), en passant par la cuisson (dans un four à 1200°) avant l’étape de l’assemblage. Chaque personnage est articulé avec des tiges d’acier (pour mieux traverser le temps), peint puis habillé de tissus et motifs parfois anciens. Claude Ricci donne une âme à la terre jusqu’aux moindres détails à l’image des yeux (qui nécessitent pas moins de sept touches), les rides d’expression, les bouches, les cheveux, les barbes et même la laine des moutons. « Je les aiment comme mes enfants » ajoute-t-il. Peut-être un avant-gout du paradis.
Un jour, une vieille voisine a passé le seuil de sa porte. Plus tard, après de nombreuses recherches et en lien avec Raymonde Eynaud (Pays Gavot), cette rencontre lui inspirera la création d’une Champsaurine avec sa coiffe et son costume traditionnels du milieu du XIXème siècle. Une création emblématique qui a fait sa renommée sur les rives du Drac et au-delà. Sur le long chemin de sa vie santonnier, il aura ainsi créé des milliers de personnages, exportés dans le monde entier. Une reconnaissance pour un homme simple qui a toujours pris son temps pour bien faire. Un personnage haut en couleurs comme ses santons, à qui on demandait un jour pourquoi il avait voulu être santonnier. « C’est comme la chanson de Jean Gabin. Maintenant, je sais. Je sais qu’on ne sait jamais. C’est tout ce que je sais mais ça, j’le sais ! ».Tout est dit.
Claude Ricci. Santonnier. Hameau du Cros. 05500 Saint-Laurent du Cros. Téléphone 04.92.50.72.20.